dimanche 20 février 2011

samedi 12 février 2011

Au pied de l'arbre sacré.





A la période des pluies l'arbre immense plonge ses racines dans une mare d'eau saumâtre. Alors que le ciel laiteux déverse son trop plein de larmes les femmes viennent le soir plonger le linge des accouchées et frotter le tissu contre la roche prévue pour le lavage quotidien.

C'est aussi une pierre sacrée.

Une pierre contre laquelle elles frottent leur sexe pour entretenir leur désir
et appeler l'homme à la pleine lune.
La sécheresse vient.
Le ciel devient plus clair.
Le nuages disparaissent.
Le soleil réchauffe les plantes et les corps.
La mare se tarit.C'est le temps de la grande migration.
Le village au rythme des tambours à eau
Se dirige vers la plage.
On grille une vache
L'alcool de palme inonde les gosiers.
Les chants résonnent dans la nuit étoilée.
On retrouve un bras de mer dans lequel désormais se fera la lessive sacrée.


Au petit jour
on entendra de longs gémissements
entre les murs des cases de pisé.

La mare asséchée, pendant quelques mois suffocants, sera le terrain de jeux des enfants nés de ses bienfaits.

jeudi 6 mai 2010

Mort d'un poète. En souvenir de la tombe de Jean Genet.

Une tombe sur l'étendue -pierre de lave-
noircissant le rouge de poussière
touffeur d'un après-midi flamboyant.

Tes mains
serrant le fruit juteux
rafraîchissant l'étreinte du soleil et là-bas une fois sur le sol d'Afrique
Abandonné
la mer
le bleu à l'horizon blanchit
et le silence autour de la pirogue
pointant son étrave vers la falaise
le clapotis
le sel sur ta bouche

ton corps en figure de proue
recevant la brise musquée du désert traversé.
Il est venu mourir s'étendre pour l'éternité
le lourd manteau de terre lui servant de linceul
la terre rouge pénétrant ses orifices
la pluie brouillant son regard et l'air chargé de cris d'oiseaux et de vents maritimes
en concert la nuit le jour
un tourbillon de vie dans ce lieu retiré au-dessus de la ville.
La ville qui la nuit n'en finit pas de s'illuminer et de cracher les flammes de ses incendies.
Il est venu mourir le poète sur cette falaise écarlate
il a creusé sa tombe en s'aidant de ses ongles
arraché les roches encore brûlantes au feu d'une lave visqueuse
s'écoulant inexorablement du sexe ouvert d'un volcan cicatrice ancienne du premier continent.

Il dort enfin et repose.

Flamme sort de son coeur et court la nuit sur le sol crevassé, chair millénaire, exposée avec par endroits une fleur une ronce un arbrisseau sec et cassant.

La vie est là dans ce berceau de terre invitant le promeneur à grimper sous le feu du soleil.
Parfois il s'arrête
mouvement lent de la tête projetée en arrière,
il s'abreuve au goulot d'une gourde de terre cuite.
La fraîcheur de l'eau calme ses lèvres sèches,irrigue le profond du corps,
le poète étendu frémit,
il a froid,
les étoiles montent haut dans le ciel.

Jusqu'au petit matin
jusqu'à la première prière,
les bédouins garderont la tombe en faisant crépiter le feu du bivouac.

Marchant l'amble la caravane disparaîtra vers l'est aux portes du désert.

samedi 24 avril 2010

N'Namariana. Conte Magique

Talin-Talin

C'était une jeune fille qui s'appelait N'Mariana. Elle était magicienne.
Chaque jour sa "maman"l'envoyait au marché pour chercher des légumes; elle en profitait pour rendre visite à son petit copain.
Un jour sa "maman" demanda à son frère de la suivre pour découvrir ses retards. A son retour il dit à sa "maman" que sa soeur N'Mariana se rendait toujours chez son petit ami.
Lorsque la jeune fille revint chez elle sa mère commença à la menacer de toute sorte.
Elle se fâcha non seulement contre sa famille mais aussi contre tout le village.
Pour manifester sa colère elle prit en otage toute la nourriture du village et se réfugia avec son butin à la cime d'un arbre.
Après deux jours de punition et de privation les villageois se rendirent sous l'arbre. Ils demandèrent pardon à N'Mariana pour avoir incité son frère à la dénonciation. Sa maman était la première du groupe à demander pardon.

Le groupe chantait:         " N'Mariana N'Mariana
                                      oh Kano Konko bé milla wolfà
                                      Kano windo bé milaa wolfa
                                      Kano hoo hoo ayéfadié
                                      Nbayénin Kano bialla Nfa Yéndaya Sibicanté
                                      faran-faran
                                      fasa-faran Sibicanté oh Kounfanounté Sibicanté
                                      oh mébé Santo".

Elle resta ferme dans sa décision malgré la chanson de sa mère.
Alors on fit venir son petit ami qui lui, chanta si bien et avec conviction que N'Mariana décida de descendre et distribua à chacun la nourriture qui lui était réservée.
Ce fut alors la fête au village.

Texte écrit par Adembo le Magicien.

mardi 9 mars 2010

Le repas de Leuk le lièvre et de l'hyène.

" Talin Talin".





L'hyène est dans la forêt et cherche des fagots pour cuisiner son repas. Le lièvre comme à son habitude est sorti de son terrier et se promène.


L'hyène le voyant inoccupé lui demande de l'aider. La réponse de Leuk le lièvre est claire et nette. C'est non car il est très fatigué et il ne peut pas faire d'effort.


L'hyène transporte alors ses fagots et se met à cuisiner.


Une fois le repas confectionné elle pose les plats sur la table.


Avec un grand sourire elle dit à Leuk: Qui va m'aider à manger mon repas?


Content de cette proposition Leuk lui répond:


- Moi j'ai faim!


La réponse de l'hyène ne se fait pas attendre: Non, j'ai transporté mon bois toute seule donc je vais manger seule!





Talin corcodosse.





retranscrit et raconté par Binta Diabang.

lundi 15 février 2010

Le Village des enfants aux pieds nus.

La terre rouge, chaude, soulevée en poussière par les innombrables véhicules est un tapis de jeu, les enfants bondissent sur les cailloux, les branches arrachées des arbres de la brousse, sur les épines des fromagers abattus et abandonnés en travers de la piste. Tard dans la nuit les pas se dessinent et marque le sol.
L'école terminée ils se sauvent et vont se plonger dans les trous d'eau de la brousse enchantée par les chants des oiseaux tropicaux et les cris des mammifères en fuite devant les chasseurs .
Un appel lointain du lamantin en quête de pitance.
Un griot centenaire rythme son chant et l' antique djembé palpite . Il est accroupi sous le baobab sacré, aveugle, ses yeux sont dirigés vers le soleil couchant. Un sourire sur son visage, sa voix est encore sonore et l'écho d'une kora lointaine lui revient.
Les enfants... pour certains le cul est nu, d'autres se roulent dans les talus et se cachent. Les plus hardis brandissent de bâtons en véritables enfants soldats.
Il faut rouler au pas, la piste est encombrée, l'enfant est dans son royaume et occupe le terrain au mépris de toute prudence.

samedi 23 janvier 2010