A la période des pluies l'arbre immense plonge ses racines dans une mare d'eau saumâtre. Alors que le ciel laiteux déverse son trop plein de larmes les femmes viennent le soir plonger le linge des accouchées et frotter le tissu contre la roche prévue pour le lavage quotidien.
C'est aussi une pierre sacrée.
Une pierre contre laquelle elles frottent leur sexe pour entretenir leur désir
et appeler l'homme à la pleine lune.
La sécheresse vient.
Le ciel devient plus clair.
Le nuages disparaissent.
Le soleil réchauffe les plantes et les corps.
La mare se tarit.C'est le temps de la grande migration.
Le village au rythme des tambours à eau
Se dirige vers la plage.
On grille une vache
L'alcool de palme inonde les gosiers.
Les chants résonnent dans la nuit étoilée.
On retrouve un bras de mer dans lequel désormais se fera la lessive sacrée.
Au petit jour
on entendra de longs gémissements
entre les murs des cases de pisé.
La mare asséchée, pendant quelques mois suffocants, sera le terrain de jeux des enfants nés de ses bienfaits.
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