samedi 29 novembre 2008

El Brahim Jas (suite)

Le bois chante,gémit sous le ressac; le bois éclate,se fend, vole en éclat sous les coups de boutoir d'une mer furieuse. Une dislocation savante, un partage. Le bois précieux s'enfonce et disparaît sous la vague, l'écorce fragile, les éléments de contention, cuivre et clous se répandent et brillent sur le sable. L'homme maori tient l'enfant et lui fait sauter les flaques de jus saumâtre et brunissant.
Une flèche de bois à la main, un carquois creusé dans le bambou solide de l'île, une aiguille fine de santal lui transperce les narines et pare le visage du guerrier. L'homme maori allonge l'enfant, lui caresse le ventre, l'entoure de fines planches recueillies dans les flots. Il les coud
ensemble, dépose le petit corps dans le cercueil improvisé. Il souffle sur les pieds de l'enfant et doucement, d'un geste caressant, un signe vers l'horizon, confie l'enfant inanimé à la mer.
Plus tard, un cercueil de bois flotte entre les îles.
Les chamanes assis sur les roches des montagnes,parmi les ronces et les arbustes, diront qu'ils ont vu le Dieu de la forêt, l'enfant bois, l'enfant aux veines gonflées par les vers lumineux qui peuplent les plages et montrent la route aux vaisseaux perdus.
Le bois et la pierre s'épousent sauvagement sur les contreforts de l'île.

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